[EDITO] Le gouvernement de Michel Barnier est un mariage de perdants et, malgré son vernis de respectabilité, il ne trompe personne. Né dans la douleur après des semaines de paralysie, il apparaît comme une trahison des résultats électoraux. La nouvelle minorité présidentielle est d’emblée accusée d’avoir foulé aux pieds la volonté populaire.
Avec des personnalités comme Bruno Retailleau en nouveau locataire de l’Hôtel de Beauvau, venant d’une droite catholique réactionnaire, et Laurence Garnier (sénatrice LR), opposée aux avancées sociétales, ce gouvernement penche terriblement à droite, prêt à marcher sur la tête. L’exécutif est déjà fragilisé, et ces choix polarisants n’apportent aucune garantie de stabilité. Pire encore, certains ministres battus lors de la dissolution, comme Rachida Dati, mise en examen dans l’affaire dite Carlos Ghosn (ex-patron de Renault-Nissan) pour « corruption passive » ou Sébastien Lecornu qui n’a pas osé être candidat aux législatives dans l’Eure, sont reconduits, illustrant une incapacité à accepter l’alternance.
Les incantations ou interminables négociations pour former ce gouvernement révèlent-elles une guerre d’influence sans merci entre Emmanuel Macron affaibli, obligé de tendre l’oreille vers le RN, et Michel Barnier en quête de légitimité, pour un parti plus que perdant les LR ? Reste que l’exécutif est à la merci des partis extérieurs au gouvernement, et l’édifice apparaît aussi fragile que bancal.
Loin des espoirs de renouveau, cette alliance contre nature avec LR n’est qu’une tentative désespérée de survie pour le macronisme déjà zombifié par les résultats des urnes. « Besoin d’Europe » menée par Valérie Hayer était à 14,6% derrière Bardella et sa liste des élections européennes : « La France revient » à 31,37%. Lors des Législatives sans un Front républicain, c’était direction les oubliettes pour Renaissance, le parti présidentiel.
Didier Migaud, ancien socialiste [faut le dire vite] recyclé garde des Sceaux, pourrait être le seul symbole d’une prétendue ouverture. Le constat, c’est la véritable force montante qu’est devenu le Rassemblement national, désormais en position de dicter ses conditions, notamment sur l’immigration.
Le malaise démocratique est profond, voire douloureux. Le gouvernement Barnier est cerné de crises et de dossiers brûlants. Ainsi, tous les candidats pour 2027, quel que soit leur camp auront intérêt à une lecture objective et brutale de la situation du pays, ouverte à tous les citoyens. La crise politique française est plus que réelle, elle est partout et infuse l’ensemble de la société.
L’homme qui aspire à faire de la santé mentale « la grande cause nationale » en 2025 ferait bien, au lieu de proposer aux Français les camisoles de la novlangue ou autres camisoles chimiques, de les laisser libres d’écrire et de construire l’avenir qu’ils souhaitent. Cela commence par le respect des choix exprimés dans les urnes avec un Nouveau Front Populaire arrivé en tête, et surtout avec un programme concret.