GJ instants de vies

Tirages en édition limitée et numérotée

Collection : Gilets Jaunes, « on vaut bien une cathédrale ! »

ÉPUISEMENT Gilet Jaune février 2019 tirage web jpvallespir

Comme un appel, comme un cri d’une société en mal d’équilibre, en novembre 2018, le mouvement des gilets jaunes, imprévisible et ardent, éclot dans un éclat fluorescent de ces gilets de secours, devenus symboles d’une révolte populaire inédite. Tout commence par une étincelle : l’annonce d’une nouvelle taxe sur les carburants. Une étincelle qui allume un brasier : sur les ronds-points et dans les centres-villes, une indignation bien plus vaste s’élève, réclamant justice sociale, démocratie directe et dignité retrouvée.

Les ronds-points se métamorphosent en agoras, où la parole jaillit sans filtres. On y croise des pancartes bricolées, des braseros où réchauffent café et camaraderie, des gestes maladroits, mais empreints de solidarité. Une France oubliée y prend la parole, inventive et brouillonne, elle trouve avec cette occupation de l’espace public une forme d’existence nouvelle.

Face aux revendications, la réponse du pouvoir se fait matraque. Les manifestations, souvent pacifiques, sont marquées par des scènes de répression brutale. Gaz lacrymogènes, grenades de désencerclement, PV sur les ronds-points et procès expéditifs désynchronisent cette colère à ciel ouvert. Les violences policières alimentent une peur à en nourrir le désespoir. Visages éborgnés, mains arrachées, morts, au cœur de la tourmente, le « Grand Débat national » est lancé par un président fragilisé. Promesse de dialogue ou manœuvre dilatoire ? Avec Emmanuel Macron en bras de chemise, les mots coulent à flots, le tempo de l’info est à nouveau sous contrôle, mais les “actes” des GJ tardent à s’apaiser. Et puis, le 15 avril 2019, survient l’incendie de Notre-Dame de Paris, tragédie symbolique qui détourne brutalement l’attention collective : les flammes dévorent une cathédrale presque millénaire et achèvent d’endormir l’hypothèse d’une révolution. Les cahiers de doléances sont discrètement remisés aux archives.

Mais sous les cendres, la colère ne continue-t-elle pas de couver ?